Lettre Synthèse Elevage n° 11 / Mars 2018
EDITO
Réduction des antibiotiques, poursuivons ensemble la démarche engagée
L’utilisation des antibiotiques en élevage de volaille en France a diminué de 40% entre 2011 et 2017. L’objectif de baisse de 25% du plan Ecoantibio 1 a largement été dépassé grâce à la mobilisation des éleveurs, des techniciens et des vétérinaires. Bravo !
Néanmoins le produit idéal pour remplacer l’antibiotique, c’est-à-dire un produit efficace, peu toxique et économique n’a pas encore été trouvé. On doit donc travailler sur plusieurs tableaux à la fois.
Le premier est le diagnostic qui reste une étape essentielle et indispensable pour soigner ou prévenir une maladie. Pour appliquer la bonne stratégie il faut bien connaître son ennemi. Les laboratoires d’analyse ont réalisé des progrès considérables dans ce domaine. L’arrivée de nouvelles technologies a permis d’améliorer la précision du diagnostic. ( PCR, Spectrométrie de masse, Séquenceur haut débit ….). Il est possible maintenant d’analyser le microbiote intestinal d’un poulet, dont on connait le rôle essentiel sur l’immunité et la santé de l’animal. Mesurer l’effet d’un produit sur la flore intestinale permettra à terme de mieux évaluer son efficacité. On aura probablement l’occasion d’en reparler à l’avenir.
Le deuxième point est la biosécurité, c’est-à-dire la protection de l’élevage. Des progrès importants ont été réalisés dans ce domaine également, et les épisodes d’Influenza auront permis au moins de renforcer ces mesures. L’hygiène reste la meilleure prévention en élevage. Mais il ne faut pas rêver il y aura toujours des pathologies à prévenir ou à traiter. Dans de nombreux cas il est possible de recourir à des produits alternatifs pour éviter l’usage d’un antibiotique. Il convient néanmoins de choisir avec votre vétérinaire le bon produit adapté à la situation et de bien l’utiliser. On rencontre de plus en plus de produits sur le terrain et il nous a semblé important pour vous permettre d’y voir plus clair de faire un point complet sur les différentes solutions que nous vous proposons.
La lutte contre les insectes fait partie intégrante de la Biosécurité, ces derniers peuvent introduire des germes dans l’élevage. Avec l’arrivée du printemps, les cycles de reproduction des insectes vont s’activer et les actions de prévention sont à mettre en place dès maintenant. Vous pourrez lire dans cette lettre comment choisir et utiliser son insecticide.
Bonne lecture
Patrick PUPIN
Dr Vétérinaire - Gérant
SOMMAIRE de la lettre
Quelles alternatives aux antibiotiques ?
Les alternatives aux antibiotiques en pratique
Bien choisir son insecticide
- Etape 1 : cibler l'insecte et le localiser
- Etape 2 : choisir les molécules adaptées, les 3 règles d'or
- Pourquoi pas la lutte biologique ?
- Les moyens de lutte contre le poux rouge
Quelles alternatives aux antibiotiques ?
L'exposition des volailles aux antibiotiques a baissé depuis 2011. Mais des progrès restent possibles grâce à des alternatives innovantes.
La filière avicole a démontré sa forte implication dans la diminution de l’utilisation des antibiotiques. L’exposition aux antibiotiques a en effet chuté de 40% depuis 2011.
L’utilisation de certaines familles d’antibiotiques décroît malgré tout plus lentement, comme les sulfamides (traitement essentiellement des colibacilloses) ou les pénicillines (traitement des entérites et des affections osseuses bactériennes, surtout).
Il existe encore une marge de progrès et les attentes de la filière en matière d’alternatives sont croissantes.
Différentes solutions alternatives existent. Afin de comprendre leurs modes d’actions et leurs cibles, nous vous proposons une synthèse qui, en fonction de vos problématiques d’élevage, pourra vous orienter dans vos choix.
Les probiotiques : flores de barrière
> Colonisation favorable du tube digestif
> Occupation des sites de fixation des agents pathogènes sur la paroi digestive
> Production de substances inhibant la croissance des bactéries pathogènes (bactériocines)
> Contrôle de la population de coccidies
> Stimulation de la croissance des villosités (amélioration de la digestion)
> Stimulation des défenses immunitaires
Les prébiotiques
Les prébiotiques sont des sucres qui vont nourrir une flore bénéfique dite saccharolytique (bifidobactéria, lactobacillus), qui va elle-même produire de l’acide lactique, permettant le contrôle de la population des agents pathogènes dans le tube digestif.
FructoOligoSaccharides / MannoOligoSaccharides
> Libération des sites de fixation des agents pathogènes sur la paroi digestive
> Stimulation de la croissance des villosités (amélioration de la digestion)
> Stimulation des défenses immunitaires
= Approche synergique : AVIBIOTE |
Les spécialités probiotiques proposées par Synthèse Elevage (AVIBIOTE et COVIBIOTE) ont été formulées avec des bactéries sous forme sporulée. Cette forme leur permet d’une part d’être résistante aux biocides de l’eau, (possibilité de poursuivre sa désinfection en cours de cure) Et d’autre part de se conserver très facilement (à température ambiante) Pour que l’implantation soit efficace et pouvoir observer des effets bénéfiques, l’administration des probiotiques doit être répétée.
Une action synergique entre les prébiotiques (sucres) et les probiotiques (flore) a été démontrée. C’est cet effet symbiotique que l’on retrouve avec AVIBIOTE.
Les acides organiques
- Action à tous les niveaux du tube digestif
- Action bactéricide possible si l'équilibre entre les différents acides de la spécialité est bien choisi
Dans l'ORNIACID®, l'acide formique va baisser le pH pour permettre à l'acide lactique de prendre une forme capable de tuer les bactéries pathogènes.
Les acides organiques baissent non seulement le pH de l’eau mais ont également un effet sur la population d’agents pathogènes dans le tube digestif (contrairement à un acide minéral).
Leurs effets sont potentialisé/décuplés par la présence d’huiles essentielles (BICIDAL®), qui vont fragiliser la paroi des bactéries indésirables et permettre une pénétration plus facile de l’acide dans la cellule.
Les produits à base de plantes
Les produits à base de plantes peuvent avoir différentes propriétés
- Antibactérienne
- Antiparasitaire
- Immunostimulante
- Régulation du transit
- Stimulation des sécrétions digestives
- Anti-douleur, anti-inflammatoire
Un extrait de plantes peut contenir des centaines de matières actives différentes. La composition va varier bien sûr en fonction de la plante en elle-même, mais aussi de sa région de culture, de sa période de récolte, de la technique d’extraction des produits, de la méthode et durée de conservation. En fonction des effets recherchés d’un produit fini, il faudra bien sélectionner ses approvisionnements de matières premières et s’assurer également de leur régularité.
Travailler avec des "identiques naturels", molécules de synthèse à composition connue et contrôlée, peut sembler plus simple. Mais l'efficacité est souvent moindre qu'avec des extraits naturels. Cela peut s'expliquer par l'absence d'interactions entre les différentes molécules et à priori une sélection plus rapide de bactéries résistantes (résistance possiblement croisée aux antibiotiques). Des hypothèses ont été émises quant au devenir dans le corps de ces phytomolécules, distribuées aux volailles par voie orale (INRA). Une partie volatile est inhalée par la volaille, rejoint la circulation sanguine et se distribue dans les différents organes pour être finalement excrétée par les caecas. Une autre partie est ingérée, va transiter tout le long du tube digestif et sera en partie absorbée pour atteindre le compartiement sanguin dans une proportion plus importante pour les huiles essentielles que pour les extraits végétaux. Ces derniers auraient un temps de présence important dans le petit intestin, alors que les huiles essentielles se concentreraient plutôt au niveau des caecas.
Les solutions alternatives en pratique
Différentes solutions alternatives existent selon les pathologies rencontrées : entérites, infections colibacillaires ou encore toux...
L'observation et la prévention sont à privilégier mais des programmes curatifs existent.
Les entérites non spécifiques
> Programmes préventifs
Ils auront pour objectif de baisser l’indice de consommation, de prévenir les pathologies digestives parasitaires et à Clostridium, de préserver la litière et donc de diminuer le taux d’apparition des pododermatites.
Les acides organiques, les probiotiques et les prébiotiques distribués sur de longues périodes rempliront ces objectifs.
> Soigner une entérite
Une litière collante n’est pas forcément synonyme d’une entérite !
Il s’agit donc dans un premier temps de faire une évaluation des fientes. Pour que cela soit représentatif, nous en observons 25 intestinales et 25 caecales.
Suite à l'analyse des fientes et au nombre de fientes anormales, il faut se reporter au tableau d'aide au traitement (voir annexe), en fonction de l'espèce et de l'anomalie majoritaire rencontrée.
Les infections colibacillaires
> Programmes préventifs
Le réservoir primitif des Escherischia coli chez les volailles est le tube digestif. Les programmes préventifs destinés à limiter cette problématique seront les mêmes que pour les entérites non spécifiques.
> Gérer une complication colibacillaire
Le TRANS ACTIV, de par son mélange d’acides organiques et d’huiles essentielles sera adapté pour contrôler la population colibacillaire digestive.
Pour une problématique plus avancée, le FYTOMIX V, contenant des huiles essentielles ayant une bonne efficacité contre le E.coli (thym, eucalyptus, cannelle) sera une solution alternative intéressante.
Les infections à Clostridium
Là encore, le réservoir primitif des Clostridium est le tube digestif. Ils ont par contre la spécificité de développer une forme de résistance dans l’environnement : les spores bactériennes, très difficiles à éliminer lors du vide sanitaire. C’est pourquoi certaines de ces pathologies sont récurrentes d’un lot sur l’autre.
Les probiotiques (AVIBIOTE et COVIBIOTE) montrent une efficacité éprouvée sur le terrain contre ces pathologies. Les doses de distribution seront à moduler en fonction de la gravité de la problématique. Pour compléter l’action au niveau des animaux, il est intéressant de pulvériser des bactéries probiotiques dans le bâtiment (litière) : le COVILITE. L’objectif sera de contrôler la population en Clostridium dans l’environnement.
Si la pathologie est répétitive de lots en lots, il est préférable de travailler en préventif et de couvrir les périodes critiques habituelles.
Les extraits végétaux ont un effet direct sur la multiplication des Clostridium, mais aussi un effet indirect sur les toxines (par les tanins qu’ils contiennent), qui sont à l’origine des troubles observés. Le FYTODIGEST sera un complément dans l’approche de gestion des Clostridium.
Liste des Clostridium en volaille
- Clostridium perfringens (Entérite nécrotique, dermatite gangréneuse)
- Clostridium difficile (Entérotoxémie)
- Clostridium sordellii (Dermatite gangréneuse)
- Clostridium colinum (Entérite ulcérative)
- Clostridium chauvoei (Lésions crête, foie, intestin)
- Clostridium septicum (Dermatite gangréneuse)
- Clostridium botulinum (Botulisme)
La toux
Le BRONCOSEC® a une action très complète sur le syndrôme de la toux :
Le FYTOVENTYL est l’équivalent utilisable en Agriculture Bio du BRONCOSEC®.
Pour compléter l’action du BRONCOSEC®, des pulvérisations de BRUMAROM composé d’huiles essentielles permettront d’assainir l’environnement.
Conclusion
Maintenir un environnement favorable à la santé des animaux est et restera la priorité. En revanche, dans certains cas, il y a des facteurs de risque difficiles à éviter. Des alternatives préventives et curatives existent. Des synergies entre elles sont réelles et associer différentes approches est une bonne stratégie.
Je vous invite à consulter les différentes informations sur le site Synthèse Elevage et à communiquer avec votre commercial et votre vétérinaire.
Anouk DRONNEAU
Dr Vétérinaire
Bien choisir son insecticide
Pour protéger les volailles, il existe de nombreux insecticides. Il faut profiter de cette large gamme pour varier leur application et surtout anticiper les traitement dès février pour gagner en efficacité.
Pour protéger les volailles, il existe de nombreux insecticides. Il faut profiter de cette large gamme pour varier leur application et surtout anticiper les traitement dès février pour gagner en efficacité.
Etape 1 : cibler l'insecte et le localiser
Etape 2 : choisir les molécules adaptées, les 3 règles d'or
Pourquoi pas la lutte biologique ?
Les moyens de lutte contre le poux rouge
Etape 1 : Cibler l'insecte et le localiser
Etape 2 : Choisir la molécule adaptée, les 3 règles d'or
1- Alterner les insecticides
Pour éviter le développement de résistances, il est important de limiter à une application maximum par an les molécules pour lesquelles les insectes ont développé peu de mécanismes de résistance (comme l’azamétiphos pour les ténébrions).
Une étude italienne de 2011 sur la population de mouches d’un élevage de poulet de chair a démontré que les résistances aux organophosphorés et aux pyréthrinoïdes (groupes 1-2-3) ne sont pas croisées avec celles des néonicotinoïdes (4) ou du spinosad (5). Une alternance entre ces deux catégories est donc particulièrement intéressante. De même, l’utilisation de mélanges de matières actives insecticides (comme le SECTINE® CHOC) engendrerait moins de résistance.
Insecticide adulticide
Insecticide larvicide
2- Intervenir à différents stades du développement
3- Anticiper les traitements dès février
> Lutte conte les mouches
L’infestation du bâtiment provient en grande majorité de la persistance et de la multiplication des insectes de l’élevage. A peine 10% de la population proviendrait d’une source externe de contamination.
Il est donc essentiel de traiter les stades adultes de manière précoce, le contrôle de cette population étant alors plus facile et moins coûteux : cela peut être dès le mois de Février quand la température extérieure dépasse 20°C l’après-midi, ou lorsque, sur un papier adhésif de 30*50cm, on a dépassé 50 mouches piégées par semaine.
> Lutte contre les ténébrions
On peut aussi visualiser la population de ténébrions avec des pièges spécifiques (TENEDROP®) : positionner les pièges près des entrées et des murs, mettre une poignée d’aliment au fond du récipient blanc pour attirer les ténébrions. Vider les pièges une à 2 fois par semaine pour évaluer l’infestation du bâtiment.
> Insecticides autorisés en présence d'animaux, en évitant le contact direct
Certains insecticides, de par leur mode d’application ou leur mode d’action, peuvent être utilisés en cours d’élevage, mais en évitant le contact direct avec les animaux (même si le risque toxique est limité pour les produits concernés) :
Insecticides adulticides avec attractif :
- SECTINE® FLY : en badigeon
- SECTINE® APPÂTS : en coupelles
Insecticides adulticides naturels :
- ELECTOR : en pulvérisation
Insecticides larvicides :
- DEVICE® PM : sur les caillebotis
- LARVENOL : dans les fosses, le long des murs, sous les mangeoires et abreuvoirs
> Pourquoi pas la lutte biologique ?
Des moyens de lutte en élevage existent sans avoir recours aux insecticides chimiques : il s’agit de prédateurs de la mouche domestique en France. Leur mise en place doit être précoce afin que leur développement suive celui des mouches à éliminer.
Mouches prédatrices : Ophyra aenescens (APPIFLY®)
Le troisième stade larvaire d’Ophyra est carnivore et s’attaque aux larves de toutes les espèces de mouches présentes. Le principe consiste à suspendre des sachets de larves APPIFLY® au-dessus des abreuvoirs dans les bâtiments de poules pondeuses sur caillebotis par exemple, dès le début de printemps.
Il ne faut pas utiliser d’insecticide chimique en parallèle, et les fientes doivent être assez liquides. Il convient d’utiliser en parallèle des pièges à insectes adultes (MUSCADROP), papier adhésif, TENEDROP®, pour limiter la population. Il faut prévoir un lâcher toutes les 6 semaines en entretien.
Miniguèpes : Muscidifurax raptorellus (APPIWASP®)
La femelle de cette miniguêpe perfore les pupes de mouches pour les consommer et y pondre quelques œufs. Les larves issues de ces œufs de mini-guêpe vont se nourrir du contenu de la pupe de mouche, qui du coup ne donnera jamais de mouche adulte. Il faut appliquer APPIWASP® en élevage de poule pondeuse ou en œuf de consommation ou reproductrice, sur des supports secs, ou sont présentes les pupes.
Comme APPIFLY®, ne pas utiliser d’insecticide chimique en parallèle. Il convient d’utiliser en parallèle des pièges à insectes adultes (MUSCADROP), papier adhésif TENEDROP®, pour limiter la population. Prévoir un lâcher toutes les mois en entretien.
> Moyens de lutte contre le pou rouge
La lutte contre le pou rouge (Dermanyssus gallinae) est difficile : il s’agit d’un acarien lucifuge qui ne vit pas sur l’hôte (il fait juste son repas de sang), mais dans l’environnement, et dans les anfractuosités du bâtiment d’élevage.
Traitement de l'environnement
La majorité des insecticides ne sont autorisés que lors du vide sanitaire : les pyréthrinoïdes, mais surtout les organophosphorés comme l’azaméthiphos (ALPHI, 1kg pour 1000m² dans 50L d’eau en cours de validation)
Le spinosad (ELECTOR) peut être un compromis d’usage d’insecticide car la rémanence du produit est de douze semaines.
Des produits détergents peuvent avoir un intérêt pour désagréger les nids de poux rouges en compléments d’autres produits
La silice peut être utilisée en pulvérisation dans le bâtiment ; elle entraine la mort du pou rouge par déshydratation.
Des acariens prédateurs (TAURUS PRO et ANDROPOLIS PRO®) : les prédateurs, plus petits que leurs proies sont capables d’atteindre les poux dans des recoins inaccessibles au nettoyage.
Ils s’utilisent de préférence en préventif ou alors en curatif en complément d’autres méthodes de lutte (non chimique), dans différents types d’élevage (au sol, en cage, avec ou sans parcours extérieur).
Un 1er lâcher peut se faire entre 0 à 6 semaines après l’entrée en ponte et 2eme lâcher entre 6 et 10 semaines.
Traitement par voie orale
DECIRED® est un répuslif à base de plantes en eau de boisson pour les poules pondeuses.
Il créé une réaction immunitaire de la poule afin que le pou soit en incapacité de digérer le sang ponctionné. Le sang noirâtre ballonne le pou. Le pou arrête de piquer et meurt lentement par déshydratation.
DOSE : 1 l pour 10 000 poules par jour pendant 8 jours consécutifs dès l’arrivée des poules avec 2 rappels de 4 jours à environ 15 semaines d’intervalle. Ne jamais ramasser les œufs de nuit.
Laurence ULVOAS
Dr Vétérinaire